Pendant des années, beaucoup de femmes ont cru que les antécédents familiaux étaient le principal prédicteur du cancer du sein. Si la génétique joue assurément un rôle dans le développement de la maladie, de nouvelles recherches en épigénétique laissent entrevoir quelque chose de beaucoup plus encourageant : nos habitudes de vie peuvent influencer l’expression de ces gènes.

L’épigénétique est la science qui étudie comment des facteurs comme le régime alimentaire, le stress, le sommeil et l’environnement peuvent « activer » ou « désactiver » l’activité de certains gènes. Autrement dit, même si vous présentez des facteurs de risque génétiques, vous avez quand même un pouvoir considérable pour modifier la trajectoire de votre santé en adoptant de saines habitudes de vie.

Pour une nutritionniste, c’est l’un des messages les plus inspirants qu’on puisse partager avec les femmes. Les aliments ne sont pas qu’un carburant pour votre organisme, ils interagissent activement avec votre ADN et influencent les voies liées à la croissance, à la réparation et à l’inflammation des cellules. Voici quelques exemples d’aliments et de micronutriments qui favorisent la santé des seins :

• Les légumes crucifères tels que le brocoli, le chou frisé et les choux de Bruxelles contiennent des composés antioxydants (sulforaphane, indole-3-carbinol) qui, lorsqu’ils sont convertis en DIM (diindolylméthane), participent au rôle protecteur des voies de détoxification et régulent le métabolisme de l’œstrogène (site en anglais).
  
• Les champignons sont riches en composés antioxydants, comme l’ergothionéine et le 1,3 bêta-glucane. Une revue systématique et méta-analyse (site en anglais) de 17 études sur le cancer menées entre 1966 et 2020 a révélé que chez les personnes ayant consommé entre 1/8 et 1/4 de tasse de champignons par jour en moyenne, le risque de cancer (de tous types) avait chuté de 45 % et le risque de cancer du sein était sensiblement diminué, comparativement aux personnes n’ayant pas consommé de champignons.
• Les polyphénols, des antioxydants que l’on retrouve dans les baies, les raisins, le thé vert et la curcumine, ont fait l’objet d’études pour leur capacité à réparer les dommages subis par l’ADN et à soutenir une croissance cellulaire équilibrée. Ces propriétés peuvent s’avérer particulièrement importantes pour les femmes après la ménopause, puisque deux cas de cancer du sein sur trois environ sont diagnostiqués à 55 ans ou plus. Une étude (site en anglais) donne à penser que certains polyphénols, en particulier les acides phénoliques et les lignanes, pourraient avoir des effets protecteurs chez les femmes ménopausées.

La santé mammaire des femmes plus jeunes peut aussi bénéficier des vertus des fruits et des légumes – notamment les baies et les raisins (tous deux riches en polyphénols), les pommes, les oranges et le chou frisé (un légume crucifère) – à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Une étude (site en anglais) publiée dans le British Medical Journal en 2016 a en effet observé qu’un apport de ces aliments était associé de manière notable à une réduction du risque de cancer du sein.

Nutriments immunitaires pour une meilleure protection mammaire

Le maintien d’un système immunitaire efficace est l’un des piliers de la santé des seins. Un système immunitaire en santé fonctionne comme une escouade de sécurité sans cesse à l’affût des cellules étrangères au corps. Les nutriments qui suivent contribuent à garder cette équipe robuste et vigilante :

• Le zinc aide les cellules immunitaires « patrouilleuses », appelées lymphocytes T, et les cellules tueuses naturelles (NK) à accomplir leur travail de repérage et d’élimination des cellules anormales. Il soutient également le processus de réparation de l’ADN, de sorte que les « erreurs » cellulaires quotidiennes ne s’accumulent pas avec le temps.
  
• Le sélénium fait partie du bouclier antioxydant naturel du corps et protège contre les dommages. Il incite également les cellules âgées ou malsaines à se retirer pour laisser place à de nouvelles cellules en santé.
  
• La vitamine C neutralise les radicaux libres nocifs avant qu’ils puissent endommager l’ADN et stimule l’activité des globules blancs afin que votre système immunitaire demeure au sommet de sa forme.
  
• La vitamine D aide votre système immunitaire à savoir quand quelque chose ne va pas et maintient l’équilibre hormonal. Le tissu mammaire est l’un des nombreux tissus à posséder des récepteurs de la vitamine D, laquelle exerce une influence directe sur la manière dont les cellules se développent et se renouvellent.

Ensemble, ces nutriments agissent comme des gardiens en service jour après jour : ils renforcent les défenses immunitaires, protègent les cellules mammaires du stress et favorisent un bon renouvellement cellulaire.

Cela ne veut pas dire que la nutrition devrait remplacer le dépistage du cancer du sein ou les soins médicaux. Par revanche, cela veut dire que chaque repas, chaque supplément, chaque choix de mode de vie est une occasion d’influencer positivement l’expression de vos gènes.

La santé mammaire future ne repose pas que sur la génétique, c’est aussi une question d’épigénétique. Au lieu de se sentir impuissantes face à leurs antécédents familiaux, les femmes peuvent maintenant acquérir un sentiment de pouvoir grâce à de bonnes habitudes quotidiennes en matière d’alimentation, d’activité et de repos. Vos gènes peuvent planter le décor, mais ce sont vos choix de vie qui orientent le dénouement. L’épigénétique nous fournit les données scientifiques à l’appui de ce que les nutritionnistes ont toujours su : les nutriments sont de puissants alliés pour votre santé. 

Références

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